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THE COLD STARES - Heavy Blues

Adoubé par Joe Bonamassa en 2019, ce qui valut au duo américain un joli coup de projecteur, The Cold Stares continue de tracer sa route avec un solide cinquième album dans lequel le blues-rock se veut autant heavy que groovy.

Peux-tu revenir sur la genèse du groupe ?
Chris Tapp (chant/guitare)
 :
Brian (Mullins, batterie, ndlr) et moi, nous avons commencé en 2010. Juste avant, nous étions tous les deux dans un groupe qui était proche de décrocher un gros contrat avec une maison de disques. Mais nous en avons eu marre pour diverses raisons et nous sommes partis. Quelques mois plus tard, un ami nous a proposé de jouer pour un événement. Je lui ai dit : « ok, mais sans bassiste ». Il a donc fallu que je trouve une solution pour tenir et le rôle de guitariste et celui de bassiste… Plus tard, nous avons participé à un tremplin organisé par le Hard Rock Café de Nashville. Il y avait 50 groupes et nous sommes arrivés premiers ! Nous étions vraiment surpris du résultat. Finalement, nous étions devenus un vrai groupe… à deux !

Et vous n’avez jamais pensé à intégrer un autre musicien ?
J’aurais aimé avoir une femme qui puisse faire des chœurs et jouer de l’orgue. J’aurais pu être encore plus libre pour faire des solos, mais Brian n’a jamais voulu, tout comme notre maison de disques. Cela changerait sûrement notre approche de la musique et notre style, mais ça ne me dérangerait pas. Il faut également reconnaître que, question logistique, c’est quand même plus facile de tourner en duo. Et puis, il y a toujours le fait de surprendre le public. Lorsque nous débarquons sur scène, les gens ne s’attendent pas à voir deux gars qui sonnent comme s’ils étaient quatre !

Mais est-ce contraignant d’être un duo sur un plan purement créatif ?
Sincèrement non, d’abord parce que je fais la part des choses entre le travail en studio et la scène. Si j’ai envie de faire un solo ou d’ajouter un riff à tel endroit, je ne m’en prive pas, même si je sais que cela sera difficile de reproduire le plan en concert. Ensuite, le groupe fonctionne d’une manière bien précise : j’écris tous les morceaux et nous les arrangeons ensuite à deux. Je n’irai jamais derrière la batterie pour montrer à Brian comment faire et lui ne prendra jamais ma guitare pour me dire quelles parties je dois jouer. Et c’est sans doute pour ça que nous continuons à jouer ensemble après plus de 10 ans !

Même si certains titres sont plus catchy que d’autres, le nouvel album « Heavy Shoes » se veut plus heavy, voire plus sombre par rapport à vos précédentes réalisations…
Sur notre précédent album (« Ways », 2019), il y avait des titres plus acoustiques, plus soul aussi. Pour « Heavy Shoes », nous tenions à faire un disque rock du début jusqu’à la fin, mais je ne pensais pas qu’il allait avoir ce côté sombre dont tu parles. Je ne me force jamais, même si tu venais avec un sac rempli d’argent pour que j’écrive une ballade, je ne le ferai pas si je ne le sens pas. L’année 2020 a été particulièrement difficile, alors qu’elle aurait dû être tout le contraire : nous étions programmés dans des gros festivals, nous devions partir en tournée, l’album allait sortir… et la pandémie est arrivée, ce qui explique cet aspect sombre de « Heavy Shoes ». Par exemple, le titre Save You From You parle d’un ami, qui s’est réfugié dans la drogue pendant le confinement parce qu’il ne pouvait pas sortir de chez lui, et des personnes qui ont essayé de l’aider…

En 2019, Joe Bonamassa déclarait que The Cold Stares fut sa plus grande découverte musicale de l’année. Le genre de compliment qui doit sacrément faire plaisir, non ?
Je me suis réveillé un matin et j’avais 200 messages en attente sur mon téléphone. Je pensais que quelqu’un de connu était mort ! J’ai appris ensuite par un ami que Joe avait fait cette déclaration sur son compte Instagram. Lorsque nous sommes entrés en contact, il m’a dit à nouveau que The Cold Stares avait été son groupe favori en 2019 et il nous a proposé de participer à la seconde édition européenne de sa croisière Keeping The Blues Alive At Sea (repoussé à cause du Covid, le festival itinérant se tiendra du 23 au 28 août 2022 du côté de la Grèce. Outre Joe Bonamassa et The Cold Stares, les fans de blues pourront voir plus d’une vingtaine d’artistes/groupes : Steve Winwood, Ana Popovic, Tommy Emmanuel, Walter Trout, Kris Barras Band… ndlr). Son soutien ne s’est pas arrêté là : grâce à lui, j’ai pu rencontrer Ed Magee, l’un des hommes forts de Fender, qui m’a proposé un endorsement. Joe n’est pas simplement un incroyable guitariste, c’est aussi quelqu’un de très gentil. Les gens qui ne le connaissent pas pensent que Joe est un millionnaire qui peut tout acheter quand il se promène dans la rue. Ils sont bien loin de la réalité.





Lorsque tu n’es pas sur la route avec The Cold Stares, tu donnes également des cours de guitare…
Oui, dans un magasin de musique situé dans la ville où nous vivons, dont le propriétaire est un ami. J’y enseigne la guitare et Brian, la batterie. J’ai environ 35 élèves actuellement, du moins lorsque nous ne sommes pas en tournée, de tous les âges, de l’adolescent qui rêve d’apprendre la guitare à des personnes plus âgées qui n’ont jamais eu le temps de s’y mettre à cause de leur travail. Le plus vieux de mes élèves a 65 ans ! Tu sais, vu le contexte actuel avec la pandémie et les ventes de disques qui ne sont pas mirobolantes à l’heure du streaming, ça m’aide beaucoup quand les fins de mois sont un peu difficiles…

Quelle est ton approche quant à ta manière d’enseigner la guitare ?
J’ai appris seul la guitare parce que je voulais jouer du rock, du blues et non d’autres styles qu’on m’imposait pendant les cours. C’est pour ça que je laisse mes élèves décider de ce qu’ils veulent apprendre : lire la musique ? Jouer du rock, du blues, du metal ? Qu’importe, j’essaye juste de m’adapter à leurs envies. Certes, je ne suis pas un grand fan des shredders, mais je suis capable de lire une partition et d’expliquer la manière d’aborder ce genre de plan.

Et lorsque tu as commencé la guitare, quels furent tes mentors ?
J’ai commencé la guitare à l’âge de 13 ans et mon grand frère en avait 10 de plus. C’est grâce à lui que j’ai découvert Jimi Hendrix, Ted Nugent… Un jour, il m’a fait écouter « Band Of Gypsys » et j’ai trouvé ça incroyablement magique. À l’époque, mon meilleur ami commençait aussi à jouer de la guitare, il n’arrêtait pas de faire des solos hyper rapides. J’ai vite compris que ce genre de chose de m’attirait pas, que j’étais plus porté sur la composition que sur la démonstration. Au final, même pour un titre comme Back In Black, les gens retiennent plus le morceau que le solo.

En 2012, tu as été atteint d’un cancer de niveau 3, les médecins t’ont même annoncé que tu avais six mois à vivre. C’est sans doute cliché, mais penses-tu que la musique t’a aidé à combattre la maladie ?
D’une certaine manière, oui… Lorsque j’ai appris que j’étais atteint d’un cancer et qu’il ne me restait que peu de temps à vivre, nous allions décrocher un contrat avec une maison de disques. Nous avons donc dû annuler cette signature, tout comme la tournée qui était prévue. Je me suis alors dit que ce n’était pas possible, que je n’allais pas mourir, j’étais déterminé à aller jusqu’au bout de ce que je m’étais fixé. Malgré la lourdeur de la chimiothérapie, et ce jusqu’à ce que mes forces me lâchent, j’ai continué de composer pour finir l’album que nous avions mis en route. Je me disais que, si je venais à partir, mon fils pourrait toujours l’écouter un jour et se dire que son père aura fait quelque chose de bien. Mon médecin m’a dit que, si je prenais une dernière dose de chimio, celle-ci pourrait me tuer. Je l’ai quand même prise… et j’ai survécu. À cette époque, j’ai acheté une moto, je n’en avais pas fait depuis 10 ans et, pendant toute la durée de mon traitement, je partais quotidiennement en balade. J’ai vu toute la beauté du monde qui m’entourait et je me disais que je ne pouvais pas mourir, pas avant d’avoir vu ma fille conduire… Cette épreuve m’a totalement changé, je ne veux plus perdre du temps. J’ai envie d’être meilleur, de travailler sans relâche pour sortir des albums, d’aider les gens à apprendre la guitare ou des groupes à décrocher un contrat. Oui, cette épreuve m’a rendu définitivement meilleur…







Passion Meteora
« En 2019, alors que le groupe était en tournée, j’en ai profité pour aller faire un tour dans l’usine Fender. Je suis tombé sur un corps de guitare qui ne me disait rien : ce n’était pas celui d’une Stratocaster ou d’une Jazzmaster. On m’a finalement dit que c’était une Meteora et la personne en charge du Custom Shop m’a proposé de finaliser cette guitare. J’ai ajouté un Bigsby, mis une tête renversée en tant que fan de Jimi Hendrix, et j’ai choisis des TV Jones Power’Tron pour les micros, comme ceux de ma Gretsch. Ma seconde Meteora, en finition Aged White Relic, est équipée d’un micro EVH (chevalet) et d’un autre totalement nouveau (manche) fait par la marque A Little Thunder. Il a la particularité de prendre les fréquences des cordes les plus graves et de les envoyer dans un Fender Bassman, un ampli que j’adore. Je peux ainsi faire des accords et avoir en même temps le rendu sonore d’une basse, le tout en stéréo. Je possède donc les deux uniques modèles Meteora réalisés par Javier Cuba du Custom Shop. J’ai vraiment beaucoup de chance de travailler avec les gens de Fender qui ont toujours été à mon écoute. Et ce n’est pas fini… »

© Chris Tapp

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