Avant d’aborder la confection de son nouvel album, Rem Austin, l’éminence grise derrière The Crumble Factory, « déroule le fil » et nous évoque son parcours musical sinueux, ses origines pieds-noirs (« J’ai grandi à Casablanca où il y avait des bases américaines : les disques américains arrivaient avant les covers en français »), sa passion pour le vinyle, le rock et la pop des 60’s et plus tard l’indie des années 90... Puis une « envie d’écrire » irrépressible, mais une frustration face à la guitare, débloquée grâce à un prof venu du jazz pour le « mettre sur des rails et donner les outils. Il m’a fait travailler ça de manière très instinctive et intuitive, théorique, mais avec une ouverture exceptionnelle sur l’harmonie ». Suivront diverses expériences dans le giron du microcosme toulousain de la « pop à guitare », au contact de musiciens jouant avec Dionysos ou Tame Impala, des enregistrements en analogique où « on laisse pas mal de plumes pour se retrouver déçu par certains détails de mix et de spectre sonore, entre les très belles prises avec de super micros, et ce qu’on en fait finalement, pour un résultat très décalé par rapport au son de départ ». Pour ce troisième album, l’idée était donc de retrouver une forme d’énergie et de simplicité : « enregistrer dans un endroit qui soit le mien, mon environnement, ma famille pas loin, pour arriver à une espèce de dogme : préparer et enregistrer dans une seule et même pièce, avec le matos qu’on avait sous la main et sans partir à la course à l’échalote. » Pour se contenter en fin de compte de quatre micros ; et surtout travailler le son dès la prise, avec le traitement souhaité, pour se rapprocher au plus près du résultat escompté (y compris avec la réverbe naturelle de la salle de bains), tout en acceptant les imperfections et les aspérités. « Un drôle de travail psychologique, au-delà de l’amour qu’on peut y mettre » : s’affranchir d’une vaine quête de perfection pour mieux cheminer vers un son qui lui ressemble vraiment. Dont acte.