Les classiques 1C15 et AC30 de Vox ont parfois un parfum de « trop » pour le commun des guitaristes : trop lourds, trop puissants, trop chers, etc… Et si un petit bout du rêve anglais se trouvait dans cette charmante réédition de l’AC10 ?
Confortablement installée au panthéon des marques d’amplis les plus mythiques, Vox n’a pas toujours capitalisé au mieux sur son héritage. Car si les légendaires
AC15 et AC30 sont depuis
longtemps réédités, on
s’étonne que l’AC10, qui faisait
pourtant partie du cheptel de
la marque anglaise au début des années 60, ait été si tardivement revisité. Si les guitaristes de l’époque demandaient plus de puissance pour se faire entendre (ainsi naquirent les AC30, 50 et 100), les besoins d’aujourd’hui ont changé : wattage raisonnable, poids contenu, master volume... En fait de réédition, ce nouveau Vox AC10C1 n’a pas vraiment été conçu comme tel, mais plutôt comme une réinterprétation du typique son « Top Boost » en version compacte. Quitte à sacrifier certains attributs voxiens : bye bye bi-canal et Tremolo, bonjour Reverb et Master Volume. Pour le reste, le look Vox est bien là : le logo, le tolex cerclé d’or, la toile marron à losanges... et un panneau de contrôle avec de chics potards chicken-head couleur crème. Avec ses 12 kg sur la balance, ce Vox AC10C1 (équipé d’un HP Celestion VX10 de 10”) est compact, léger, et tout à fait charmant ! Il vient boxer dans la catégorie des amplis à lampes « petits-moyens », mais avec une réserve de puissance utilisable dans de nombreuses situations (plus que le petit AC4 de chambre)...
Vox populi Le bestiau est monocanal, tout en simplicité plug & play. Côté réglages,
pas de quoi être déboussolé en effet :
un gain qui jouera sur l’étage de préamplification, une égalisation à 2 bandes Bass/Treble, une Reverb et un Volume faisant office de master. Pas de stand-by (ça sert à rien). Le panneau de contrôle s’appréhende cependant comme un tout : on ajustera de paire les basses et les aigus pour trouver l’équilibre tonal et doser la brillance naturelle
du Vox, et de même on a tendance à régler le volume général et le taux de gain concomitamment. Ce dernier permet de faire saturer généreusement les lampes lorsqu’on le pousse, mais l’idéal est de trouver le crunch naturel en fonction des micros de la guitare utilisée. Dans l’ensemble et comme on s’y attendait, ce Vox n’est pas un modèle de polyvalence : il propose un type de son, certes typé, mais il le fait bien. Comme souvent avec les amplis de la marque, il faudra choisir et configurer attentivement les saturations et autres pédales de Fuzz en amont afin de trouver la bonne combinaison sous peine de subir son côté tranchant et brillant. Le choix d’un cab fermé permet
de garder une belle présence dans
les basses et le HP de 10”, conçu spécialement pour Vox, fait preuve d’une réactivité et d’une réponse sans molesse, presque raide...
On reste en revanche un peu dubitatif en ce qui concerne la Reverb : numérique, celle-ci n’est pas mauvaise en soi, mais détonne dans ce tableau à l’esprit vintage. On restera dans la première moitié dans la plupart des cas et on ne peut s’empêcher de regretter un bon vieux Reverb Tank à ressorts qui fait pouic-pouic au fond de la caisse. On regrettera aussi l’absence d’un Tremolo, qui fait également souvent l’attrait des Vox.
Comme c’était déjà le cas avec l’AC10
de la grande époque, ce « petit mais costaud » fera un ampli de choix en enregistrement pour se sculpter un son de caractère sans arracher le papier peint. Surtout que son prix est plutôt attractif pour un ampli tout-lampes de cette catégorie. Marco Peter
Caractéristiques
Assez Vox L’AC10 fut à l’origine développé en 1959, du temps de la glorieuse époque JMI (Jennings Musical Industries), et conçu comme une version light du puissant Vox AC15 (né une paire d’années plus tôt, en 1957), afin de combler le fossé avec le petit modèle « student » AC4. Comme ses congénères,
le circuit était l’œuvre de l’ingénieur Dick Denney, avec notamment une lampe EF86, que ce dernier appréciait particulièrement pour ses harmoniques. Il s’agissait d’un ampli 10W à 2 canaux avec Tremolo qui connut 2 versions : d’abord en 1 x 10” (1959, « TV Front », qui disparaît du catalogue en 1965) puis une version « Twin » à 2 HP (1962-1967) déclinée au format tête (1963). Si l’AC10C1 n’en est pas une réplique fidèle, on ne peut que se réjouir de ce retour sur ce créneau.