Après une première partie assurée par The Bodies, le genre de groupe que seuls les Anglais savent régulièrement pondre (on imagine fort bien les posters de Joy Division et de The Smiths dans leur local de répétition), les trois gars de Metz débarquent sur scène… pour installer leur matos. Pas de roadies, encore moins de régisseur s’amusant à vérifier dix fois de suite si le micro chant fonctionne ou si les instruments sont bien branchés. Posée devant l’ampli allumé, c’est une guitare sans son propriétaire balançant un gros larsen aux allures de nappe qui se charge de l’intro. Le message est clair : c’est soirée noise au Point Éphémère. Et quand les choses sérieuses commencent, autrement dit une fraction de seconde après le premier accord, on comprend vite que nous allons assister à une véritable tempête sonique. Durant une toute petite heure, les Canadiens ne faibliront à aucun moment, portés par une frénésie de tous les instants dont les secousses sont bien loin de laisser le public parisien insensible. Morceaux courts, à part deux ou trois magnifiques exceptions faisant la part belle à des riffs de guitares et des lignes de basses quasi hypnotiques, chant à la limite de la cassure, larsens à foison et plans batteries hargneux, on frise la perfection... et les acouphènes. Si des représentants de la presse britannique avaient été présents, ils auraient sans doute élevé l’événement au rang de « meilleur concert de l’année », même si nous ne sommes qu’au début du mois de mars. On se contentera de dire en toute simplicité que ce fut une satanée prestation live d’un groupe généreux, aussi humble que sincère, qui mérite que l’on s’y intéresse de très près.