Comme pour la plupart des grands événements musicaux de l’été, 2022 sonnait le retour de Rock En Seine après le report des précédentes éditions pour cause de Covid.
Quelques jours avant le début des festivités, la mauvaise nouvelle tombait : blessé au pied (déchirure du tendon d’Achille), Zack de la Rocha se devait de prendre du repos, avec pour effet immédiat l’annulation de toute la tournée européenne 2022 de Rage Against The Machine. La date prévue spécialement pour Rock En Seine (le mardi 30 août) volait en éclat, entraînant dans sa chute les prestations de Frank Carter & The Rattlesnakes, Pogo Car Crash Control, Run The Jewels, Crawlers… et nos rêves d’ado de voir à nouveau sur scène Tom Morello et ses compères. Autant dire que le vide laissé par cette annulation fut loin d’être comblé. Oui, Rock En Seine a perdu de sa superbe depuis quelques années, pour ne pas dire son âme. Preuve en est avec le « golden pit », un espace dédié à ceux et celles qui ont payé un supplément (69€ le billet normal, 20€ de plus pour accéder au Golden Pit) et qui occupait une (trop) grande partie du devant de la scène. Les riches d’un côté, les pauvres de l’autre. Bonjour l’ambiance. Idles a d’ailleurs fait les frais de cette réorganisation, cette fameuse zone restant quasi vide durant le set des Anglais, ceci expliquant sans doute un concert un brin moins fou qu’à l’accoutumée. Dommage… Ce fut d’ailleurs un week-end prolongé où le bureau des plaintes a fonctionné sans relâche : files d’attente interminables à l’entrée, pour la restauration, aux toilettes… Bref,on a connu meilleure organisation de la part d’un festival qui, s’il ne redresse pas la barre, risque fort de concurrencer la Foire du Trône avec de (trop) nombreux stands partenaires qui organisaient moult concours pour gagner un chapeau, une paire de lunettes, un tote bag…
Et la musique dans tout ça ?
La palme d’or du festival revient sans aucune contestation à Nick Cave And The Bad Seeds. Accompagné d’un groupe parfaitement huilé (mention spéciale à son fidèle et habité lieutenant Warren Ellis), le prêcheur-crooner gothique a mis tout le monde d’accord avec une prestation d’une incroyable intensité, véritable moment de partage avec son public, notre homme n’étant pas avare de bains de foule avec les premiers rangs. Tout simplement grandiose. Autre moment fort du festival, même s’il n’y avait pas de guitares, le concert de Kraftwerk a retenu l’attention des adeptes de musiques électroniques : son parfait, visuels de folie, surtout si vous étiez équipés de lunettes 3D. Au rayon des confirmations, la toujours riche scène post-punk britannique a enflammé le premier jour de RES (Idles, Yard Act, Fontaines D.C.), tandis que le lendemain, The Limiñanas gratifiait les festivaliers d’un excellent concert. Les Montpelliérains ont démontré qu’avec deux ou trois accords, et un style autant hypnotique que psychédélique, on peut tenir une grande scène sans aucun problème. Les autres lauréats de cette édition 2022 en dents de scie furent le déjanté Yungblud, la très attachante Aurora (la nouvelle Björk ?) et DIIV avec son habile croisement d’indie rock 90s et de shoegaze. On aurait aimé ajouter Arctic Monkeys, mais le set des Anglais n’a pas su décoller malgré un public chauffé à blanc.
Espérons que pour la prochaine édition les organisateurs se pencheront sur les problèmes précités et que Rock En Seine retrouvera un second souffle… et le panache de ses débuts pour fêter ses 20 ans d'existence.