Avec de nombreux émules parmi les métalleux et dans la communauté punk-rock, Skull Strings met l’humain et le made in France en avant.
Comment a débuté l’aventure Skulls Strings ? Carlos Pavicich : Au début des années 2000, j’avais un magasin de musique et je voyais de plus en plus de musiciens s’accorder différemment, plus bas, ou avoir recours aux opens. Et on me demandait différentes cordes parce que certaines ne tenaient pas l’accord dans les jeux standards. Cela faisait 30 ans que je réglais des guitares et je voyais bien que de ce côté, il y avait un manque. Avec ces cordes mal adaptées, le manche pouvait vriller, surtout sur les vieilles guitares. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai pondu un cahier des charges et j’ai commencé à faire fabriquer des cordes aux États-Unis. Nous étions en 2003. On les rapatriait en France où elles étaient emballées. Mais en 2007, j’ai décidé de changer tout ça.
À cause de quoi ? La qualité des cordes ne me convenait pas. J’ai décidé d’aller à contre-courant, en faisant fabriquer mes cordes en France, quand tout le monde délocalisait en Chine. Je préfère que le jeu coûte 2 ou 3 euros de plus, mais soit d’une qualité irréprochable. C’était un risque à prendre.
Comment as-tu fait ? J’ai été aidé par mon père, qui est ingénieur, pour le choix des machines qui allaient fabriquer nos cordes. Nous avons fait construire les machines-outils en Allemagne par des gens très pointus qui bossent aussi pour le domaine médical. Nous avons aussi décidé de prendre les matières premières près de chez nous. Nos fournisseurs sont français ou allemands. Les Français qui nous fournissent du fil d’une qualité exceptionnelle travaillent aussi pour Ariane Espace et Airbus !
Vous êtes très spécialisés dans le metal... Nous le restons ! Car ce sont des gens passionnés, qui aiment nos produits, et pour lesquels nous avons repoussé les limites. On a aussi beaucoup de groupes de punks anglais qui se fournissent chez nous : The Exploited, UK Subs, Total Chaos...
Et vous n’avez pas envie d’élargir votre panel de styles ? Avec Skulls Strings, non, car j’aime vraiment savoir qu’une communauté fidèle qui nous est reconnaissante nous suive d’aussi près et soit toujours demandeuse. Pour ce qui est de faire autre chose, j’ai en parallèle une autre marque sous mon nom, Carlos Pavicich Custom Strings.
De la nouveauté pour bientôt ? Non, pas spécialement. Nous sommes comme le bon vin. Nous aimons prendre notre temps et faire des choses de qualité qui durent. Nous ne faisons pas du Beaujolais Nouveau, nous faisons du Morgon (rires).
Spécial dédicace
Musicien avant tout, Carlos aime l’échange avec les guitaristes et les bassistes qu’il rencontre régulièrement. Cela a donné naissance à des packs de cordes signature. « Nous discutons avec les groupes qui souhaitent avoir des cordes à leur nom. Ce sont des séries limitées réalisées pour eux. Après, on leur demande s’ils souhaitent qu’on les vendent ou non sur le site. Car ça permet aussi de développer leur image. On fait des paris sur l’avenir. Je veux une rencontre à chaque fois, car j’aime les musiciens. Je suis moi-même musicien. Tu passes me voir, tu me demandes un jeu custom avec tel ou tel matériau, et tel ou tel diamètre, et j’arrête mes machines pour qu’on en parle et qu’on fasse des essais. Nous sommes encore des artisans, et on trouve toujours un être humain derrière chaque machine. C’est ça le plus important ».