S’il a intégré Yamaha en 2010 comme guitar-tech en charge du contrôle qualité, Sébastien Duduoglu est aujourd’hui chef de produit en France pour Yamaha Guitar, Line 6 et Ampeg. Il nous en dit plus sur les coulisses du succès des amplis de la gamme THR.
La première génération du THR a connu un franc succès...
Sébastien Duduoglu (chef de produit) : C’est l’un des plus gros succès de cette dernière décennie. Lorsque Yamaha a lancé cette série d’amplis en 2011, l’objectif était de proposer une alternative aux
« practice amps » qui ne répondaient pas aux utilisations « domestiques ». On ne trouvait à l’époque que des
« miniatures » de gros combos avec des possibilités et une qualité sonore
à faible volume qui n’étaient pas forcément au rendez-vous. C’est ce que nous voulions résoudre avec le THR pour créer le couteau suisse à utiliser là où le guitariste passe le
plus de temps à jouer : chez lui ! Mais la surprise est venue d’artistes nous sollicitant pour l’utiliser en tournée, dans le tour-bus ou en loge avant un concert. L’autre atout du THR, c’est son look rétro qui s’intègre dans toutes les pièces de la maison. Cela paraît anodin, mais c’est un vrai contraste avec les amplis traditionnels qui restent au sol dans le coin d’une chambre : le THR s’est fait une place sur les étagères ou sur les bureaux des guitaristes. La gamme s’est développée deux ans plus tard avec des modèles plus spécialisés comme le THR10X (High Gain), le THR10C (Classic) ou
le THR5A (électro-acoustique).
Justement, les nouvelles versions proposent beaucoup plus de sons. Cela signifie-t-il qu’il n’y aura plus de versions spécialisées comme les THR10X et THR10C ?
La nouvelle génération embarque tous les sons des précédentes versions avec de nombreuses nouveautés. Qu’il
s’agisse des sons high gain du THR10X ou
clean du THR10C, tout est accessible depuis l’application Bluetooth qui pilote les THR-II. C’est une évolution logique de ne plus se cantonner à un style précis ; et pour
cette nouvelle série, les
différences entre les
modèles reposent sur le
choix de la puissance, la connectique et des possibilités sans fil avec la batterie et l’émetteur G10T optionnel.
Ces améliorations font-elles suite
à des retours d’utilisateurs ?
Nous sommes à l’affût de tous les commentaires, bons comme mauvais, ceux des professionnels comme des amateurs, sur les salons, dans les magasins de musique ou les réseaux sociaux. Ce qui est intéressant, c’est de voir comment les utilisateurs peuvent détourner le produit de son utilisation principale avec différents instruments, expérimenter : il y a souvent de belles surprises. Nous voulons innover et adapter nos produits aux nouvelles habitudes des guitaristes, leur simplifier la vie. Le THR
étant vraiment associé à la guitare électrique, il était donc légitime de
le décliner pour l’électro-acoustique en y intégrant la modélisation
VCM (utilisée dans nos consoles de mixage numériques professionnelles) pour la modélisation de micro ou
le preampli D-PRE (utilisés sur nos consoles MG) et un réglage de gain d’entrée indépendant pour le chant.
Pourquoi avoir fait l’impasse sur certaines options comme une sortie DI en XLR ou une sortie
pour enceinte externe ?
Ces caractéristiques
sont déjà disponibles sur la série THR Head et THR Cab qui répondent aux problématiques du live. Ils ont en commun la technologie
VCM, qui modélise les tubes et
leurs interactions avec les autres composants électroniques. À chaque THR son environnement : le THR-II est parfait pour la maison (n’oublions pas que c’est aussi une interface audionumérique et qu’il est livré avec Cubase Ai), et pour les applications scéniques où l’on a besoin de puissance et de rendement, il nous paraît plus normal de se tourner vers un ampli dédié comme le THR Head.
Près de 10 ans séparent les
deux générations...
Nous ne sommes pas dans la
frénésie du renouvellement. Quand un produit est bon et répond aux besoins des guitaristes, il peut s’installer durablement. Et le THR peut bénéficier d’améliorations software, ce qui permet aux guitaristes de garder leur ampli « à jour » même après plusieurs années. Cela ne veut pas dire que nous ne pensons pas à la suite et certains commentaires nous inspirent déjà...