Il est celui qui a réussi à faire
en sorte que les plus grands, comme les amateurs, se passent de leurs enceintes, ou réussissent à les conserver en jouant moins fort sans perte de qualité. La série Torpedo et le logiciel Wall of Sound, c’est lui. Cocorico ! Propos recueillis par Guillaume Ley
10 ans après la sortie du premier Torpedo en rack, quel bilan peux-tu faire sur l’évolution de ta marque ? Guillaume Pille (fondateur) : Je suis très heureux d’avoir créé une marque qui résonne à l’international, d’avoir monté une nouvelle catégorie de produits, même si c’est une niche sur le marché, et surtout d’avoir réussi tout doucement à faire accepter à certains guitaristes réfractaires que le numérique, ça pouvait aussi être sympa (sourire).
Quel est votre produit qui a remporté le plus de succès ?
En volume, c’est le petit Torpedo Captor (une petite loadbox avec émulation d’enceinte. Ndr). Je pensais que c’était un petit truc dont personne n’aurait rien à faire et, étonnamment, on en vend beaucoup. On est à la limite de la rupture de stock. Celui dont je suis le plus fier, c’est le Torpedo Studio, qui est une vraie machine de guerre, qui intègre plus mon ADN.
Justement, après les gros racks, pros ou semi-pro, l’avenir de la marque ne passerait-il pas par des produits comme le Captor? Je pense que ces produits ne sont pas en compétition, car ils ne s’adressent pas à la même clientèle. Je tiens à ce qu’on conserve 3 gammes distinctes pour satisfaire tout le monde : une ultra-pointue avec tout ce qu’on sait faire dedans (Torpedo Studio), une qui corresponde aux besoins de la plupart des guitaristes (Torpedo Live, Torpedo Reload), et une plus accessible.
Quels retours as-tu sur le logiciel d’émulation Wall of Sound (WoS) dans un milieu où la concurrence fait rage ? C’est de loin le produit le plus utilisé. On doit tourner à 35 000 utilisateurs réguliers, ce qui est plutôt pas mal. Cette année, on a beaucoup investi dans le logiciel, ce qui aura aussi à terme un impact sur les prochains produits hardware. Mais pour être honnête, WoS, c’est encore pour le moment notre vraie carte de
visite, plus que nos racks. On essaie continuellement de l’améliorer et
en parallèle, on lutte pour ne pas le transformer en usine à gaz. C’est un équilibre fragile pour satisfaire tout le monde, entre ceux qui veulent plus et ceux qui cherchent la convivialité.
Quels sont tes prochains objectifs ? Nous entrons dans une phase de renouvellement de gamme. En matière de logiciels, ça devrait être assez fort aussi. On bosse avec un duo de grandes marques depuis 2 ans et on voit enfin le fruit de notre collaboration aboutir. Il a fallu passer pas mal de temps enfermés comme des rats de laboratoire ces derniers mois !
L’aventure américaine Le marché américain est visé par Two Notes, qui vient d’ouvrir des locaux sur place. L’étape nécessaire pour mieux grandir ? « Nous avions un statut bizarre aux États-Unis. Nous étions trop gros pour bosser avec des petits distributeurs et trop petits pour dealer avec des gros distributeurs, qui sont très peu nombreux, comme Korg ou KMC Music, mais avec lesquels on commence à parler sérieusement quand on fait entre 5 et 10 millions de chiffre d’affaires. On a donc ouvert notre propre branche américaine, Two Notes North AmericaCorp, qui est une filiale de distribution et qui s’occupe de marketing. On a un bureau à New York, et différents petits points de chute dansle pays, notamment de petites zones de stockage à Nashville et Los Angeles. On fait du chiffre d’affaires là-bas et on commence à se pencher sérieusement sur la distribution
d’autres marques comme Anasounds ou Constant Bourgeois. »
Le logiciel d’émulation Wall of Sound